lundi 17 septembre 2007

Le discours de Francois Hollande

Je ne suis pas d'accord avec François Hollande quand il dit dans son discours de clôture de l'université d'été, que la gauche a depuis longtemps accepté l'idée de l'économie de marché.

Ce n'est pas vrai. Tout une partie de la gauche ne l'a pas accepté ; moi le premier. D'une part, parce que ceci ne se traduit absolument pas dans l'optique d'une réconciliation avec le monde de l'entreprise, d'autre part parce qu'affirmer ceci laisse la gauche de la gauche sans vision.

Il faut au contraire affirmer que la gauche veut construire une société où le capitalisme n'est pas roi, mais que l'on ne peut que procéder par étapes et en liaison avec les réalités du monde : pendant un certain temps, il est nécessaire d'accepter et accompagner le capitalisme, puis de mettre des structures en place pour surveiller les avancées sociales et s'en éloigner petit à petit. Il n'y a pas de raison pour ne pas se réconcilier avec le monde de l'entreprise qui n'est pas, ne doit pas être l'ennemi car seule l'entreprise est créatrice d'emplois. Constamment soupçonner les patrons, les entrepreneurs et les innovateurs est caricatural mais est malheureusement très et trop fréquent à gauche aujourd'hui.

C'est la raison pour laquelle la proposition d'ateliers du PS autour de la mondialisation est trop réductrice, c'est une réflexion autour de la gauche et de l'entreprise qu'il faut proposer, et non pas ni une réflexion autour du marché (vision déjà biaisée) encore moins autour de la seule mondialisation qui n'est que le reflet mondial d'un mouvement concret et général de l'ultra-libéralisation du monde économique. Mes fréquents voyages en Chine, à Singapour, aux Etats-Unis m'en ont fait prendre conscience : nos préoccupations sociales sont à des années lumière de celles de ces nouveaux pays ultra-capitalistes qui ne pensent qu'à prospérer économiquement. On ne peut se lancer seuls dans une économie sociale en étant confrontés à la concurrence de pays de ce type où seule la performance et la performance économique sont le critère de la réussite. On ne peut parler culture, équilibre vie privée-vie professionnelle dans des pays où même la démocratie est reléguée dans les esprits au second plan car considérée comme moins importante que la réussite professionnelle.

Il faudra du temps, beaucoup de temps pour expliquer, convaincre que le bonheur peut être ailleurs et c'est en France qu'il faudra commencer. Mais pour cela, il sera nécessaire de se rapprocher du monde économique et du monde de l'entreprise.