lundi 31 décembre 2007

Vers la fin du règne de la Civilisation Occidentale

Depuis plus de 500 ans voire plus, la civilisation occidentale, chrétienne et européenne a dominé le monde.

Depuis la découverte de l'Amérique, depuis la généralisation des voyages, grâce à ses avancées technologiques en particulier grâcé à ses armes, grâce à une culture de la performance individuelle, à un climat clément puis grâce au relai des Etats-Unis à partir du 20e siècle, la civilisation occidentale a conquis, colonisé les pays et parfois les consciences.

De multiples indices tendent à faire penser que nous arrivons au terme de ce règne sans partage.

La Chine s'est éveille. En utilisant sa main d'oeuvre bon marché et gigantesque pour devenir l'usine du monde, la Chine a engrangé des devises énormes qui lui permettent d'une part de maintenir sous perfusion l'économie américaine, mais également qui vont désormais lui permettre de passer d'une économie de sous-traitance à une économie de contrôle et d'innovation. Si la chute brutale des Etats-Unis n'est pour l'instant pas dans son intérêt, rien ne dit que ce ne sera pas le cas dans quelques décennis. Et lorsque l'empire américain commencera à s'écrouler, que les bons du Trésor ne trouveront plus preneurs en Chine, les conséquences pourront être désastreuses pour toute la civilisation occidentale.

Avec les fonds souverains et les grandes entreprises chinoises et indiennes qui commencent à racheter les capitaux américains et européens, les capitaux mondiaux ne sont plus majoritairement aux mains des occidentaux comme c'était le cas il y a 50 ans au sortir de la guerre. Le Japon et les pays producteurs de pétrole avaient depuis bien longtemps affirmé une position très importante dans l'économie mondiale, mais avec la Chine et l'Inde, les vitesses suivantes ont été enclenchées et nous passons de contre-exemples importants à une généralisation du phénomène.

Le même phénomène est vrai pour l'Inde et plus généralement pour toute l'Asie qui regorge d'argent.

Certains peuvent se réjouir d'un rééquilibrage mondial, de la fin d'un post-colonialisme où même si les Etats étaient devenus indépendants, ils étaient pillés constamment par les puissances dominantes, USA et Europe compris. D'autres s'inquiéteront que les nouveaux dominants aient la même attitude que les occidentaux.

Plusieurs questions à creuser néanmoins :

- Les nouvelles sociétés asiatiques qui vont bientôt dominer le monde sont-elle restées asiatiques ou leur succès n'est-il pas essentiellement dû à l'occidentalisation de leur économie, de leurs modes de management ? Est-ce que finalement on ne reconnaît pas ici une victoire du modèle économique occidental, voire ultra-libéral ? Si la Chine a connu ces dernières années et depuis Deng Xiaoping des taux de croissance fulgurants, c'est bien parce qu'elle s'est convertie au capitalisme à l'occidental. Mais le succès a été également dû à un mode de gestion centralisé et autoritaire des pouvoirs centraux qui a géré cette croissance et imprimé les grandes orientations. De plus, la société chinoise ne s'est pas totalement convertie aux modes de vie occidentaux. Et si la domination de la Chine et de l'Inde se confirme, il sera intéressant de voir si ces payx exporteront également leurs modes de vie et deviendront des pays impérialistes comme ont pu le faire les Etats-Unis. Aujourd'hui, les petits dragons asiatiques (Hong Kong, Singapour) ont une culture à mi chemin entre les cultures asiatiques et les cultures occidentales et l'occidentalisation plaît encore beaucoup aux jeunes qui rêvent de consommer et d'être plus "libres".

- La question est de savoir si avec cette mondialisation et la domination prochaine de la Chine dans l'économie mondiale, il y aura de la place pour tout le monde. Si la domination de la Chine et de l'Inde se traduiront par une paupérisation des Etats-Unis et de l'Europe. Est-ce que la Chine aura toujours besoin de voler au secours du pouvoir d'achat des américains ou est-ce qu'elle pourra un jour s'en passer et voler de ses propres ailes, partiellement grâce à un marché intérieur important ? La question reste aujourd'hui ouverte et on ne peut pas dire s'il s'établira un équilibre ou si cette domination sera totale et brutale.

- La planète y survivra-t-elle ? Quand tous les chinois auront envie et pourront acheter une voiture, tous les spécialistes prédisent une aggravation fulgurante de la pollution atmosphérique, du réchauffement climatique. La planète pourrait n'y pas survivre en quelques décennies. Si l'on ne peut pas empêcher les chinois d'avoir accès au bien-être comme les occidentaux y ont eu accès, il faudra trouver de nouveaux moyens pour satisfaire durablement ces besoins nouveaux et le pétrole devra rapidement céder la place à des énergies renouvelables et respectueuses de l'environnement. Sinon, la domination chinoise et indienne s'accompagnera de... la fin du monde. C'est emphatique mais très clair.

- On doit désormais se poser donc la question de savoir quel modèle économique on voudrait construire dans une économie mondiale dominée par les puissance indienne et chinoise (de par leur démographie et leur nouvelle puissance économique). Ce modèle économique devra satisfaire tout le monde et préserver la planète. Il est clair que la recherce constante de la croissance la plus forte entraîne inmanquablement la destruction de la planète et qu'il sera nécessaire de redéfninir les besoins de l'homme en termes de consommation. Plus on consomme, plus on croît, plus on détruit et nous arrivons aujourd'hui à un taux insupportable pour la planète à moyen terme. Le capitalisme et le libéralisme sont-ils compatibles avec cette nouvelle économie à construire ? Peut-on les encadrer suffisamment tout en en préservant les grands principes ; la croissance économique d'un monde capitaliste est-elle consubstantielle au pillage de la terre, aux inégalités croissantes entre les hommes ?

- Lors du forum de la rénovation du parti socialiste, une personne dont j'ai oublié le nom avait parlé de sobriété. Le terme n'est pas très sexy, mais il dit bien ce qu'il veut dire : nous avons besoin de sobriété pour survivre. D'une part parce qu'un jour, nous ne désespérons pas de faire comprendre à tout le monde que le bonheur n'est pas dans la consommation à outrance, mais également et plus directement parce que nous devons limiter notre impact sur la planète.

- C'est pour cette raison que l'écologie est totalement indissociable de l'économie.

La Chine et l'Inde vont nous dominer. Si elles ne détruisent pas la planète comme nous avons contribué à la détruire partiellement depuis 200 ans, nous devrons construire un modèle économique 10 plus sobre en termes de consommation d'énergie qui est complètement à construire. C'est à la fois passionnant et très inquiétant car les échéances sont maintenant très rapides.

dimanche 23 décembre 2007

Forum de la rénovation : le marché

Je suis allé au forum de la rénovation du PS sur le PS et le marché.

Tout le monde avait des remarques pertinentes, tout le monde faisait des propositions intéresantes, tout le monde avait des réflexions profondes.

Oui, mais voilà, on est tout de même passé à côté.

En gros, ce qu'il s'est dit c'est : "bien sûr que le PS est pour le marché, mais le PS n'est pas pour un capitalisme financier".

Subtile différence sémantique pour la plupart des gens ? Mais fondamentale pour le PS qui forge tout son rapport au capitalisme dessus.

Donc on est pour le marché et tout le monde comprend : on accepte le capitalisme, forcé contraint. Miam miam miam, quelle perspective.

Comme toujours, on fait la synthese de la synthese de la synthese, on est pour le marché, mais pas trop, on accepte le capitalisme, mais plus ses dérives.

Bref, on ne fait plus rêver. On gère.

On taille les branches de gauche, on taille les branches de droite, pour se retrouver avec un tout petit rosier rabougri.

Et on devient inaudible.

C'est exactement ce qu'a fait François Hollande depuis 10 ans.

Alors qu'il fallait laisser pousser les branches de gauche et de droite, les accepter, les laisser s'exprimer, puis les accueillir, plûtôt que les couper.

Il faut avoir un idéal et une marche à suivre.

Il faut accepter de dire, car c'est vrai, que l'argent corrompt, que les inégalités doivent être progressivement effacées, mais pour ceci, il faut préparer le monde, lentement, obstinément, sûrement. Il faut garder le vivier d'idées de la gauche de la gauche en proposant un contrat simple : rester un vivier d'idées tant que la conscience collective majoritaire n'est pas prête à les appliquer et faire progressivement dériver cette conscience collective majoritaire dans le bon sens.

Et entre temps, on doit composer, embrasser activement le capitalisme en se réconciliant avec les entreprises qui peuvent ne pas être l'expression du capitalisme financier, mais de la créativité des hommes.

Métaphore simpliste

J'adore cette expression : le loup est un loup pour l'homme.

La droite aiguise les dents du loup et le rend performant, encore plus loup. La société qu'il crée en fait une meute de plus en plus aggressive et tant qu'il y a des moutons à dévorer, un planète à détruire, la meute est contente. Elle tue, elle pille, elle détruit et rend son petit monde puissant. C'est l'ultracapitalisme, l'ultrallibéralisme. A la naissance, on pense que tout le monde est loup est que tout le monde a donc les mêmes possibilités, mais le postulat est biaisé et faux et rien n'est fait pour corriger les conditions initiales inégales.

La gauche veut apaiser et pacifier le loup, le rendre moins loup. Mais forcément, isolée dans une meute de loups affamés et prêts à le dévorer, le loup pacifiste se fait manger. Une politique de gauche dans un monde ultralibérale est vouée à l'échec. Il faut d'abord pacifier la meute, en comprendre et en décrypter ses modes de fonctionnement, sans toutefois totalement l'intégrer pour passer à autre chose, de plus apaisé, de plus sobre, de plus à gauche. Et puis, on doit apaiser et pacifier un grand nombre de ses congénères de loup, sous peine de perdre la batille.

Dans cette longue quête, cette pacification de la meute peut vouloir aller trop vite et trop fort. En pacifiant au forceps, la meute n'est pas prête et sous des apparences de loups pacifiques, la meute est tapie. Le communisme est un bon exemple d'une rupture trop rapide qui n'était pas en rapport avec les consciences. La meute était encore trop animale.

Le seul chemin possible devra être long, patient mais aussi obstiné. Il devra naviguer, éviter les congénères aggressifs, mordre ceux qui l'aggressent. Le seul chemin possible est le dialogue, le lobbying, la communication.

mercredi 5 décembre 2007

Australie

Je reviens d'Australie.

Comme souvent dans les pays anglo-saxons, ce qui me frappe en Australie est leur optimisme à toute épreuve qui tranche considérablement avec le pessimisme voire le misérabilisme ambiant des français.

Ils viennent d'élire un nouveau premier ministre travailliste qui a appuyé pendant sa campagne sur l'éducation et sur les changements climatiques. C'est la première fois qu'un premier ministre d'un pays important est élu sur des thèmes écologistes et je trouve ca assez formidable.

L'Australie bénéficie du plein emploi et d'une économie florissante.

J'aimerais tenter ici un rapprochement entre les dernières déclarations de Jacques Attali sur l'état économique de le France et ce que j'ai vu en Australie.

Selon Jacques Attali, la France souffre d'un manque de compétitivité flagrant. Il ne précise pas exactement ce que cela veut dire, si c'est l'euro trop fort, une main d'oeuvre dont le coût serait trop élevée, des prélèvements obligatoires trop importantes ou si la France souffre d'un manque d'innovation.

Il s'inquiète également du fait que si l'on augmente le pouvoir d'achat, le risque est de faire exploser les déséquilibres commerciaux, les gains de pouvoir d'achat allant principalement vers des achats de produits étrangers.

L'Australie ne souffre pas apparemment de manque de compétitivité pour plusieurs raisons:

- sa monnaie n'est pas très forte et permet de maintenir les exportations
- son isolement géographique et la tendance très forte à la préférence d'achat national fait que les importations sont plus limitées qu'en France
- des marcés de niche et une population limitée permettent à l'Australie de maintenir une forte compétitivité avec des salaires mesurés et un immobilier mesuré également

Je ne porte évidemment aucun jugement de valeur, c'est simplement une constatation de différence avec la France. La seule chose dont on pourrait sûrement s'inspirer est cet optimiste formidable.

mercredi 28 novembre 2007

Asie et démocratie

Mes activités professionnelles me mènent régulièrement vers l'Asie : Chine, Singapour, Japon, Malaisie, Australie. Cela fait donc plusieurs années que je travaille dans un environnement asiatique.

J'ai donc pratiqué des pays démocratiques ou non et ce qui me frappe le plus, c'est que la politique en général n'est absolument pas au coeur des préoccupations des gens. De même pour les sujets de société en général.

Il semble que le bien-être matériel soit actuellement la seule préoccupation apparente, ainsi que la performance au travail. Les asiatiques font des horaires indécents, y compris les femmes mariées avec des enfants, commençant à 8h et finissant après 20h00 avec 2,3 heures de transport par jour et du travail quasiment tous les weekends.

L'occidentalisation de la société est très différente d'un pays à l'autre : à Singapour, elle est réelle, le mode de vie est très occidentalisé en apparence, mais le management asiatique, s'il se teinte petit à petit de pratiques occidentales, reste asiatique et pour nous semble un peu archaïque, ce qui contraste avec l'image que le pays veut donner. En Chine, on atteint le comble de l'ultra-libéralisme où la seule valeur qui compte semble être l'argent, le travail et la performance. Pour un pays supposé communiste, c'est réellement hallucinant.

Au Japon, c'est le collectif qui compte et il se traduit très souvent par le sacrifice de la vie personnelle reléguée au second plan en apparence. Par exemple, un cadre ne parle absolument jamais au travail de sa femme ou de ses enfants. Par contre, il semble que cet engagement total soit au service du collectif et non du bien-être matériel et individuel. Comme en Europe, l'argent n'est pas la valeur phare (contrairement à la Chine), c'est plutôt la réussite de la société pour laquelle on travaille, de l'esprit de corps et de groupe que l'on met en place dans une équipe de travail. Pour moi, les valeurs du Japon ne sont pas ultra-libérales et contrairement à la Chine ne sont pas non plus ultra-individuelles.

Dans tous ces pays, y compris au Japon, la démocratie n'est pas une priorité.

Au Japon, certes la démocratie a été imposée par les américains après la guerre. Mais ce qu'il faut savoir est que le parti principal a été au pouvoir depuis 1945 sans discontinuer (à part une brève interruption non significative de quelques mois dans les années 90).
Au Japon, le consensus (apparent ou réel) est la valeur première. Faire perdre la face à quelqu'un est considéré comme une défaite à la fois pour celui qui la perd ou celui qui la fait perdre à l'autre. Dans une réunion, si une personne sort évidemment perdante d'une discussion ou d'une négociation, les deux parties sont perdantes.
Or la démocratie est avant tout synonyme d'élections avec un gagnant et un perdant, ce qui va complètement à l'encontre de la philosophie et de l'organisation de la société japonaise. C'est la raison pour laquelle la démocratie japonaise n'est pour moi qu'une façade, quelque chose qu'ils appliquent car cela leur a été imposé par les européens.

Dans le reste de l'Asie, c'est souvent le même principe, avec des subtilités différentes. A Singapour, nous avons une dictature très éclairée fondée sur la performance de leurs dirigeants mais c'est le même principe : le pouvoir est au service de la performance économique et du bien-être matériel quasiment exclusivement.

En Chine, ce pays communiste est le grand champion de l'ultra-libéralisme. Shanghai, c'est la défense puissance 10. A perte de vue. Les conversations ne tournent strictement que autour de la performance, de la carrière. Singapour et Shanghai semblent apparemment se complaire dans un vide culturel assumé et une "américanisation" apparente.

mardi 13 novembre 2007

Un grand parti de gauche

Ségolène Royal a dit hier sur France Inter qu'elle souhaitait la création d'un grand parti de gauche qui rassemblerait de l'êxtrême gauche au centre gauche : Bravo !

Je ne suis pas forcément un grand fan de Ségolène Royal, mais ceci me paraît une évidence et c'est tout à fait le sens des messages que je publie sur ce blog.

Il faut aller de la gestion à l'utopie, il faut toutes ces composantes, en expliquant dès le départ que certains courants seront des viviers d'idées, des aiguillons qui nous rappellent la voie générale à suivre sur le court, moyen ou long terme.

Mieux vaut avoir un curseur, le défendre et expliquer comment on va le faire évoluer vers la gauche que pas de curseur du tout.

D'une part, ceci rassemblera un grand nombre d'électeurs qui pourront se rassembler sur des idées générales communes.

Depuis quelques années, la base électorale du parti socialiste s'est considérablement rétrécie car le parti socialiste a été obsédé par la synthèse. A trop vouloir faire la synthèse, on coupe les idées un peu à gauche, on les coupe un peu à droite et la taille de l'arbre diminue. On perd les électeurs d'extrême gauche qui repartent vers les Besancenot et on perd les électeurs du centre car on n'ose pas dire que l'on partage certaines de leurs idées de centre en matière économique.

François Hollande est responsable de cet état de fait.

En ne se positionnant ni comme celui qui veut construire une société socialisté afranchie du libéralisme, ni comme un gestionnaire qui embrasse le capitalisme, il a laissé planer des idées molles, sans saveur forte qui finalement ne satisfont personne.

Il est possible de dire à la fois "l'argent corrompt" et "le capitalisme est aujourd'hui le seul moyen qui permette de satisfaire le plus grand nombre".

Instant et Universel

Un point qui me frappe : la gauche est dans l'universel et la droite est dans l'instant.

En effet, les valeurs de la gauche font qu'elle se positionne toujours par rapport à des valeurs universelles : égalité, fraternité, etc... ce qui exclut nécessairement certains qualités de gestionnaire. La gauche n'est pas gestionnaire, n'est pas dans la réalité immédiate. C'est partiellement pour cela qu'elle est souvent considérée comme moins apte à gérer un pays sur le plan économique.

La droite est gestionnaire, elle gère le présent, l'immédiat ou le moyen terme. Elle met donc toute son énergie à être crédible sur cette gestion et c'est souvent ce qui lui fait gagner les élections alors que la gauche est perçue comme utopiste et que ce qu'elle prône, même si partagé, n'est pas considéré comme faisable.

Si les actions de la droite améliorent le bien-être commun, c'est une conséquence heureuse mais ce n'est pas forcément le but premier.

On reproche donc souvent à la gauche d'avoir de "grandes idées" qui sont soit déconnectées de la réalité, soit à ses dirigeants de ne pas vivre ou se comporter en fonction de ces idées. Tel dirigeant peut être fortuné alors qu'il prône l'égalité (gauche caviar), tel dirigeant peut être moralisateur, alors qu'il manoeuvre pour obtenir ou garder le pouvoir. Dans la lutte de pouvoir, la gauche ne peut qu'être perdante car les qualités mêmes nécessaires pour atteindre le pouvoir sont des qualités qui sont intrinsèquement décriées par la gauche.

Comment concilier le tout ? Comment peut-on concilier universel et immédiateté ?

En assumant ses fonctions de gestionnaire, en se réconciliant avec l'économie et en en mesurant patiemment, systématiquement, méthodiquement les avancées obtenues pour les "redistribuer" dans le sens des valeurs de gauche.

C'est en affirmant aux électeurs que l'ordre des choses commence par une gestion efficace réconciliée avec l'entreprise et ses dirigeants puis une évaluation systématique, nationale et réelle des avancées que la gauche pourra gagner les élections.

En effet, on ne lui reprochera plus d'être dans l'angélisme des idées généreuses mais inapplicables et on ne lui reprochera pas non plus de générer des richesses et de les garder pour un petit nombre.

Quand la gauche a été gestionnaire mais n'a pas mis de système de surveillance des avancées, elle est devenue la gauche caviar et a perdu son identité et une partie de son électorat très à gauche (les déçus du socialisme).

lundi 17 septembre 2007

Le discours de Francois Hollande

Je ne suis pas d'accord avec François Hollande quand il dit dans son discours de clôture de l'université d'été, que la gauche a depuis longtemps accepté l'idée de l'économie de marché.

Ce n'est pas vrai. Tout une partie de la gauche ne l'a pas accepté ; moi le premier. D'une part, parce que ceci ne se traduit absolument pas dans l'optique d'une réconciliation avec le monde de l'entreprise, d'autre part parce qu'affirmer ceci laisse la gauche de la gauche sans vision.

Il faut au contraire affirmer que la gauche veut construire une société où le capitalisme n'est pas roi, mais que l'on ne peut que procéder par étapes et en liaison avec les réalités du monde : pendant un certain temps, il est nécessaire d'accepter et accompagner le capitalisme, puis de mettre des structures en place pour surveiller les avancées sociales et s'en éloigner petit à petit. Il n'y a pas de raison pour ne pas se réconcilier avec le monde de l'entreprise qui n'est pas, ne doit pas être l'ennemi car seule l'entreprise est créatrice d'emplois. Constamment soupçonner les patrons, les entrepreneurs et les innovateurs est caricatural mais est malheureusement très et trop fréquent à gauche aujourd'hui.

C'est la raison pour laquelle la proposition d'ateliers du PS autour de la mondialisation est trop réductrice, c'est une réflexion autour de la gauche et de l'entreprise qu'il faut proposer, et non pas ni une réflexion autour du marché (vision déjà biaisée) encore moins autour de la seule mondialisation qui n'est que le reflet mondial d'un mouvement concret et général de l'ultra-libéralisation du monde économique. Mes fréquents voyages en Chine, à Singapour, aux Etats-Unis m'en ont fait prendre conscience : nos préoccupations sociales sont à des années lumière de celles de ces nouveaux pays ultra-capitalistes qui ne pensent qu'à prospérer économiquement. On ne peut se lancer seuls dans une économie sociale en étant confrontés à la concurrence de pays de ce type où seule la performance et la performance économique sont le critère de la réussite. On ne peut parler culture, équilibre vie privée-vie professionnelle dans des pays où même la démocratie est reléguée dans les esprits au second plan car considérée comme moins importante que la réussite professionnelle.

Il faudra du temps, beaucoup de temps pour expliquer, convaincre que le bonheur peut être ailleurs et c'est en France qu'il faudra commencer. Mais pour cela, il sera nécessaire de se rapprocher du monde économique et du monde de l'entreprise.

jeudi 30 août 2007

Plaire et Démagogie

Comment plaire au peuple sans tomber dans la démagogie ?

Premièrement, avoir des idées, un chemin pour atteindre leur réalité, indépendamment des sondages et de l'opinion.
Deuxièmement, adapter le chemin pour atteindre ses idéaux sans quitter des yeux le but à atteindre et en se donnant des moyens de contrôle internes et externes de mesure des avancées.

Encore et toujours, il faut positionner son propre curseur, sans nécessairement être en phase directe avec l'opinion mais sans l'ignorer et en essayant de comprendre et saisir ce qui sépare nos idées de celles de l'opinion, puis progresser par étapes.

De manière plus importante, il est important d'une part de comprendre et de saisir que l'opinion publique n'est pas en phase avec nos propres idées, de ne pas en conclure qu'il faut nécessairement changer ses propres idées, mais surtout il faut essayer de comprendre pourquoi l'opinion publique pense différemment. C'est en comprenant et analysant le pourquoi que l'on peut lui tordre le cou, communiquer, expliquer, etc... Le processus, selon la taille du fossé peut être long et incertain. Dans tous les cas, il faut construire un morceau de pont, puis l'étayer solidement pour que la majorité qui se sente confortable avec le pont soit large, avant de finir le pont.

Si on veut proposer une société socialiste dans un monde ultra-libéral, il faut commencer par une société capitaliste et sociale, puis continuer avec une sociale-démocratie, etc... Le passage direct est incompatible avec la nature humaine, sauf dans certains cas où la souffrance de la majorité est trop insupportable, ce qui n'est pas le cas dans des pays comme la France.

jeudi 23 août 2007

Des positionnements toujours difficiles

De part la nature de ses engagements et de ses idées, la gauche a aujourd'hui beaucoup de mal a être entendue, beaucoup de mal à redonner de la profondeur à ses idées et à son discours, à se retrouver "en phase" avec la société.

D'une part, le travail de sape effecuté par les médias contrôlés par les grands groupes de presse ne font pas la part belle aux idées de gauche et aux idées progressistes. Le libéralisme, la pensée unique de l'accomplissement personnel via la performance individuelle est considéré comme le moyen principal pour atteindre le bonheur.

D'autre part, l'idée du rêve américain, qui fait injustement croire que, petit, à force de travail et de persévérance, on peut monter monter, fait incontestablement plus rêver qu'une proposition de société solidaire d'entraide et de vivre harmonieusement ensemble. Les phénomènes de starisation à outrance, d'ultra-médiatisation de certains pendant quelques semaines, d'audimat de la médiocrité, d'achat de temps libre de cerveau humain mênent inmanquablement les français à s'intéresser à des idées simples et immdiatement "bankables" qu'à des idées plus complexes avec des temps de réalisation plus longs.

Quelques exemples de positionnements difficiles:

- La laïcité. La laïcité a été attaquée par Nicolas Sarokozy qui a plus ou moins voulu intervenir dans les modes de fonctionnement des religions. Et cela a plu. Ceci est significatif de la perte de vitesse de la laïcité dans l'opinion publique. Pourquoi ? Tout d'abord parce que les premiers défenseurs de la laïcité en sont également les meilleurs ennemis. En effet, la laïcité prône la non-intervention de l'état dans les affaires religieuses et la séparation de l'Etat et de l'église. Dans les faits, ceci cache également le fait que la majorité des intellectuels de gauche ne sont pas religieux, ne croient pas et considèrent très souvent (à juste titre ou non) que la religion est l'opium du peuple. Comme ce positionnement n'est pas possible ouvertement, la laïcité est un positionnement intermédiaire, et donc difficile à défendre, la part de non croyants à gauche étant bien plus importante que la part des gens de droite, qui ont besoin d'avoir une autorité supérieure au dessus d'eux. Et pourtant, on assiste depuis quelques années à un retour en force de la religion. Difficultés économiques, manque de perspectives, rivalités entre religions, besoin d'être rassuré.

- Le sport. On est plus sportif à droite qu'à gauche. Le sport implique souvent la compétition, et l'effort prônés par la droite. La gauche a tendance à ne pas évoquer un vocabulaire pourtant populaire comme le dépassement de soi, la compétition extrême, la performance individuelle, la défaite de l'adversaire, toutes ces notions n'étant pas considérées comme noble. Ségolène Royal s'est d'ailleurs fait reprendre sur le sport pendant le débat présidentiel. Et pourtant, les français, aidés par les médias, sont de plus en plus friands de sport en particulier à la télévision. La gauche souvent veut exclure la compétition du sport, car la compétition, c'est le dopage et les jeux du cirque.. Encore un divorce avec la société.

mercredi 22 août 2007

Oui mais quoi donc...

Bon, dire qu'il faut un positionnement long-terme, qu'il faut le graduer et proposer des étapes pour y arriver, dire que parfois il faut momentanément s'éloigner du but pour mieux y revenir, que toutes les idées doivent s'exprimer pour alimenter l'opinion, que les actions proposées ne peuvent être trop éloignées de l'opinion générale, tout cela est très bien, mais ne répond pas à la question fondamentale : quel positionnement, quelles étapes, quelles actions.

Economiquement, la société utopique souhaitée par les gens de gauche est une société égalitaire, où la performance individuelle est au service du bien-être collectif, ou la solidarité est une des valeurs les plus importantes, où les petits ambitieux comprennent que le bonheur est ailleurs, où les compétences individuelles ne sont pas utilisées pour enfoncer l'autre, mais pour faire évoluer collectivement la société.

Cette société rêvée ne peut bien sûr pas être mise en place directement. L'homme est encore un loup pour l'homme. La droite lui affûte les dents et la gauche tente vainement de le rendre inoffensif. Si on positionne le curseur directement trop à gauche, les penchants naturels de l'homme dans le contexte historique l'emportent et ceci conduit inmanquablement à la catastrophe.

C'est bien sûr ce qui est arrivé à l'expérience communiste en Union-Soviétique. Les ambitions personnelles des uns et des autres, le besoin de pouvoir sur l'autre, l'animalité des hommes ont eu très rapidement raison des idéaux des fondateurs du pouvoir communiste qui s'est rapidement enfoncer dans la dictature la plus horrible (stalinisme). C'est encore une fois un problème de curseur beaucoup trop éloigné de l'opinion publique du moment. Dans mon exemple précédent, c'est un peu comme si on décrétait la mariage et l'adoption libres pour les homosexuels dans une société où on les brûle encore. Le décalage entre les consciences collectives du moment et les mesures proposées est beaucoup trop grand, pas assez graduel.

Et pourtant, l'homme n'est pas aussi animal qu'il y a quelques siècles, on a su ouvrir les yeux, la démocratie s'est répandue largement. Les consciences collectives évoluent tout de même petit à petit.

Aujourd'hui, c'est pour cela que les propositions très à gauche ne sont pas totalement écoutées et sont voués à l'échec (même s'ils arrivaient au pouvoir). On dit souvent : la gauche a cessé d'être à gauche, elle se renie, elle n'ose plus être à gauche. Certes, mais l'opinion publique n'est pas non plus prête à l'entendre car elle sait qu'une politique très à gauche dans le contexte libéral mondial actuel conduirant inmanquablement à la catastrophe, même s'il peut être totalement souhaitable intellectuellement.

Proposons donc une longue marche vers ce type de société plus égalitaire, en intégrant le fait que l'on n'y arrivera pas rapidement, que l'on devra manoeuvrer le bateau un peu à droite, un peu à gauche sans perdre le cap, en se fixant des objectifs, des étapes sur la longue route, en prenant le temps d'expliquer, de communiquer où on va, pourquoi on y va, comment on y va dans le monde entier.

- la société solidaire et fraternelle est le but ultime à atteindre et doit rester dans la tête de tous les décideurs.
- L'économie mondiale du monde réel impose de revenir vers le capitalisme pendant un certain temps, de l'accepter, de l'embrasser pour mieux le transcender. Ceci peut prendre du temps.
- Pour que la gauche renoue avec le capitalisme, il faut se réconcilier avec les entreprises qui ne sont pas l'ennemi
- Il faut se fixer des objectifs, les atteindre, puis donner, dès qu'une marge de manoeuvre est libérée, un petit coup de barre à gauche de redistribution des richesses pour une société plus solidaire.
- Parallèlement, il faut convaincre le monde qu'un autre modèle économique est possible, que le libéralisme n'est pas le moyen unique
- Il faut constamment puiser ses idées dans un vivier aussi large que possible (de la LCR au Modem) d'une part pour ne pas oublier le but ultime, mais également pour ne pas oublier ce que l'opinion publique est prête à accepter.

Tout ceci doit se faire dans un parti de gauche qui rassemble le plus de monde possible, de l'extrême gauche au centre.

Marre du pragmatisme

A force de demander du 'concret' aux politiques ('je veux que vous me disiez concrètement ce que vous allez faire pour m'aider'), on ne donne plus de perspectives, on réagit sur tel ou tel sujet mais on n'a plus de ligne directrice. Les médias en sont largement responsables. A force de simplifier les messages, de regarder les problèmes par le petit bout de la lorgnette, de faire interviewer les politiques par des 'vrais gens', de saucissonner les problèmes pour ne plus avoir à réfléchir, on en est arrivé là.

Il en résulte tout un nombre de mesures ou de propositions qui ne sont plus à lier avec une ligne claire, cohérente et explicable. Des mesures doivent découler d'une idéologie et ce n'est pas un ensemble de mesures qui crée l'idéologie.

Je pense qu'il faut rompre avec ce pragmatisme outrancier et renouer avec une ligne de parti clairement énoncée. Il faut donc créer le curseur et dire comment on le fera évoluer après avoir convaincu l'opinion publique (et ceci dans un contexte européen voire mondial).

Pas de positionnement

Si le PS a perdu les présidentielles de 95, 2002 et 2007, c'est principalement pas manque de positionnement voire par manque d'idéologie.

En 81, il y avait bien sûr un positionnement idéologique clair, fondé sur un certain anti-capitalisme et sur des valeurs "humanistes" de progrès comme la peine de mort.

La France a donc pris à ce moment-là une voie très à gauche alors que le monde anglo-saxon prenait un virage très à droite. Thatcher, Reagan prônaient la "Révolution conservatrice", la disparition de l'Etat dans la vie économique tout au long des années 80.

On connaît la suite: le modèle français n'a pas fonctionné, Delors a repris les rênes de l'économie et a conduit une politique de rigueur, pendant que les Etat-Unis et l'Angleterre se sont engoufrés dans un libéralisme économique, qui s'il a mis beaucoup de monde sur le côté de la route, a montré son efficacité. (et je dis bien "montré" car le rôle du lobbying de la communication pour convaincre le monde du bien-fondé de cette politique a joué un rôle primordial).

Il s'en est donc suivi pendant des années (les premières années de la gauche caviar) une politique d'accompagnement du capitalisme. On a composé, on a corrigé mais on s'est toujours positionné en suiveur et non en leader sans dire clairement quel type d'économie on souhaitait.

Parallèlement, le monde s'est persuagé, ou on l'a habilement persuadé, que le libéralisme, voire l'ultra-libéralisme était la seule solution envisageable économiquement. On a même pensé, au début des années 90, que l'histoire touchait à sa fin, que le modèle américain allait triompher partout et dans tous les domaines.

En termes de curseur, la gauche a donc souffert à la fois d'une absence de curseur (pas de positionnement idéologique), d'un éloignement progressif de l'opinion politique (habilement ammenée à penser que point de salut sans capitalisme) et donc d'un éloignement entre l'opinion publique et ses propres idéaux. Ces deux points n'ont pu que faire perdre la gauche aux élections majeures, aux élections nationales, celles où les questions économiques sont essentielles.

Il faut donc redéfinir une idéologie de gauche et se positionner par rapport au capitalisme, se réconcilier avec l'économie et avec les entreprises et dire comment on veut la faire évoluer dans le bon sens.

lundi 20 août 2007

Le Curseur

Je voudrais développer ici la notion de curseur d'idées dans un monde réel.

Prenons par exemple une question de société qui est également un sujet politique : l'homosexualité et les droits des homosexuels. (mais ceci s'applique quasiment à tous les sujets). Si on reprend l'évolution des idées dans le monde occidental depuis le Moyen Age, on peut faire une liste des idées sur la question de droite à gauche:

- L'homosexualité est un crime ; il faut punir de mort les homosexuels
- L'homosexualité est un crime ; il faut interdire l'homosexualité
- L'homosexualité est une déviance ; il faut soigner les homosexuels
- L'homosexualité n'est pas naturelle ; on doit compatir avec les homosexuels
- L'homosexualité est une pratique personnelle que l'on ne peut condamner, mais il ne faut pas l'encourager par la loi
- L'homosexualité est une forme de vie en couple ; il faut la reconnaître en distinguant les couples homosexuels et hétérosexuels ; le mariage ou l'adoption reste entre un homme et une femme
- Un couple peut être homosexuel ou hétérosexuel ; un couple homosexuel peut s'unir et bénéficier de certains avantages
- Un couple peut être homosexuel ou hétérosexuel ; un couple homosexuel peut se marier, comme tout couple
- Un couple homosexuel peut se marier, adopter des enfants et obtenir les mêmes droits que les autres couples
- Un couple est l'union de deux êtres, aucune mention du sexe ne peut être faite

La liste précédente représente un ensemble d'idées qui, en fonction de la période historique, de la géographie ou du modèle de société ont été proposées un jour ou l'autre. On peut positionner le curseur quelque part et considérer que dans un contexte précis la gauche a tendance a faire baisser le curseur et la droite à ne rien faire (conservatisme), voire à le faire reculer (réactionnaire).

Aujourd'hui, dans cet exemple précis, on peut considérer que le curseur moyen de l'opinion publique française est entre la cinquième et la septième ligne. La gauche a tendance à faire baisser le curseur, la droite ne pas le faire bouger.

Sur d'autres sujets, l'extrême gauche ou certains groupes de lobbying a tendance à faire bouger le curseur de deux ou trois lignes directement, l'extrême droite ou certains groupes ultra-religieux à faire bouger le curseur dans l'autre sens.

Le succès ou l'insuccès en politique est à mon avis conditionné par les postulats suivants:

- Il faut avoir un curseur à soi, le présenter et le défendre. (C'est ce qu'a fait François Mitterrand en 81 avec la peine de mort)
- Ce curseur n'est pas nécessairement strictement identique avec l'opinion, mais il ne peut pas en être trop éloigné
- Les actions à proposer pour mettre en phase le curseur de ses idées et le curseur de l'opinion publique doit être graduel et doit procéder par étapes. Un "saut" trop important n'est pas accepté dans l'opinion par la majorité et conduit à l'échec électoral.
- Il est normal dans un parti politique que tous les courants ne positionnent pas le curseur au même endroit. Chaque positionnement doit être considéré comme un enrichissement et ne peut être condamné tant qu'il correspond à une position de progrès pour la gauche par rapport à l'opinion publique. C'est dans l'action graduelle que des idées plus radicales peuvent devenir plus "normales". Ce processus peut être lent. Dans tous les cas, il n'est pas nécessaire de pratiquer l'ostracisme de certaines idées considérées comme trop radicales, mais la règle du jeu doit être simple : tant que ces idées ne peuvent être admise par la majorité ou une forte minorité, elle ne seront pas mises en place et serviront de vivier pour le lobbying et pour faire évoluer les mentalités. Elles peuvent totalement cohabiter dans un même parti.
- Les sauts de curseur brutaux mènent la plupart du temps à l'échec (Communisme) ou à des périodes de transition difficiles (Révolution française). Ces échecs sont principalement dû au fait que l'homme n'est pas prêts pour ces changements.

Pourquoi la déconfiture

Dans la défaite cuisante de la gauche en 2007, il y a à mon sens plusieurs raisons fondamentales:

- La gauche avait un projet de société en 1981 qu'elle n'a jamais retrouvé depuis. La victoire de 81 avait été fondée sur une approche fondamentalement anti-capitaliste. Depuis que cette voie s'est soldée par un échec, rien d'autre que de l'adaptation au capitalisme sans réellement de projet de société n'a été proposé. Sur le plan économique, à part corriger et contrôler le capitalisme, la gauche l'a accompagné, sans l'embrasser totalement, sans réellement tracer une autre voie. De plus, il existe un divorce constant entre les entreprises et la gauche, les uns se méfiant des autres et inversement. Les victoires de la gauche passent par d'une part un projet économique incluant complètement le monde de l'entreprise sans les culpabiliser constamment et en réconciliant entreprises et gouvernement de progrès, un positionnement par rapport au capitalisme et une vraie politique économique. On a bien vu dans toute la campagne de Ségolène Royal qu'elle n'avait absolument rien à dire sur ce sujet.

- La gauche continue d'avoir un problème de fond avec l'ordre, la nation, les attributs de la République, tout ce que la gauche, pour des raisons compréhensibles rejette mais dont la majorité de la population a besoin. C'est ce qu'on pourrait appeler la "sacralité de l'état", qui se repose sur un état très fort avec des symboles forts et fédérateurs. La gauche pense que l'homme doit savoir s'en passer pour aller rechercher au plus profond de lui-même les vraies solutions. Or, dans les faits ce n'est pas le cas. Plusieurs parallèles peuvent être faits sur ce point: la laïcité et le sport. La majorité des militants de gauche est profondément laïque et souvent anti-religieuse (pour des raisons que l'on peut comprendre et approuver). Or la majorité des français a besoin de sacré, de religieux, d'où le divorce. La gauche et ses militants ou intellectuels méprise la compétition sportive ; ce n'est pas noble de vouloir la défaite d'un partenaire, mais la majorité des français en a besoin. La gauche méprise les attributs de la République, le protocole, mais les français en ont besoin. Il existe de très nombreux exemples de ce type.

vendredi 17 août 2007

First Encounter

Premier contact:

C'est un mail de la fédération de Paris (j'habite Paris) et de son secrétaire fédéral. C'est la première fois que je reçois un mail avec 'amitiés socialistes' en formule de politesse. On insiste bien dans le mail sur le fait que si j'ai payé 20 euros, ce n'est vraiment pas beaucoup... Message reçu.


Deuxième contact:

Deuxième mail, j'ai été affecté à une "section", c'est parti, je rentre dans le vocabulaire militant. On m'explique que si je le souhaite, je peux changer de section selon les thèmes et les sujets. Fédération, Section, un savant mélange communautaire et militaire. Un peu comme le discours de Ségolène Royal : encadrement militaire dans une France plus juste.

L'inscription

Bon, pour l'inscription, pas de problèmes, on va sur le site du PS, on rentre son numéro de carte bleue, son adresse, son âge (pourquoi son âge ?), puis on reçoit une petite facturette électronique qui dit que l'on est inscrit : 20 euros pour l'année. Il paraît que l'inscription à 20 euros a considérablement fait augmenter les rangs du PS et que ces nouveaux adhérents ont grandement participé à l'élection interne de Ségolène Royal.

Un mot sur le site du PS:

- La forme : il n'est pas hyper sexy, mais il y a des efforts que l'on sent un peu forcés. Avec tous les bobos high tech qui doivent être au PS, il doit tout de même y avoir quelques ressources pour le maintenir.

- Le fond : très institutionnel. Des militants le disent d'ailleurs sur le site, mais les clivages, les initiatives des uns et des autres ne sont pas relayés sur le site. Il en résulte alors une communication "top-down" comme on dit, qui fait la part plus que belle à François Hollande et peu aux autres.

Le site consiste alors à reproduire les discours de François Hollande et à critiquer tout ce que fait le gouvernement. Un appel à la rénovation est lancé. Il semble un peu forcé par l'environnement actuel. François Hollande dit être un sisyphe heureux, on verra ce qui ressort de cet appel.

New in Politics

Ca y est, j'ai franchi le pas, je suis passé de l'observateur (30 ans d'observation, j'ai 36 ans) à l'acteur. Après des années à observer la vie politique et particulièrement à gauche, j'ai voulu me lancer, participer, ne pas râler sans rien faire. Pas d'ambition particulière, quelques idées peut-être très banales ou sans intérêt, on verra bien.

Je me suis donc inscrit au PS.

Entre autre, j'aimerais voir de l'intérieur comment ça se passe. J'aurai le temps de développer ce que je peux apporter et comment je peux le faire, mais d'abord, j'ai besoin de voir, de comprendre et de m'imprégner un peu de ce parti, en essayent bien sûr de ne pas y perdre mon latin.