lundi 31 décembre 2007

Vers la fin du règne de la Civilisation Occidentale

Depuis plus de 500 ans voire plus, la civilisation occidentale, chrétienne et européenne a dominé le monde.

Depuis la découverte de l'Amérique, depuis la généralisation des voyages, grâce à ses avancées technologiques en particulier grâcé à ses armes, grâce à une culture de la performance individuelle, à un climat clément puis grâce au relai des Etats-Unis à partir du 20e siècle, la civilisation occidentale a conquis, colonisé les pays et parfois les consciences.

De multiples indices tendent à faire penser que nous arrivons au terme de ce règne sans partage.

La Chine s'est éveille. En utilisant sa main d'oeuvre bon marché et gigantesque pour devenir l'usine du monde, la Chine a engrangé des devises énormes qui lui permettent d'une part de maintenir sous perfusion l'économie américaine, mais également qui vont désormais lui permettre de passer d'une économie de sous-traitance à une économie de contrôle et d'innovation. Si la chute brutale des Etats-Unis n'est pour l'instant pas dans son intérêt, rien ne dit que ce ne sera pas le cas dans quelques décennis. Et lorsque l'empire américain commencera à s'écrouler, que les bons du Trésor ne trouveront plus preneurs en Chine, les conséquences pourront être désastreuses pour toute la civilisation occidentale.

Avec les fonds souverains et les grandes entreprises chinoises et indiennes qui commencent à racheter les capitaux américains et européens, les capitaux mondiaux ne sont plus majoritairement aux mains des occidentaux comme c'était le cas il y a 50 ans au sortir de la guerre. Le Japon et les pays producteurs de pétrole avaient depuis bien longtemps affirmé une position très importante dans l'économie mondiale, mais avec la Chine et l'Inde, les vitesses suivantes ont été enclenchées et nous passons de contre-exemples importants à une généralisation du phénomène.

Le même phénomène est vrai pour l'Inde et plus généralement pour toute l'Asie qui regorge d'argent.

Certains peuvent se réjouir d'un rééquilibrage mondial, de la fin d'un post-colonialisme où même si les Etats étaient devenus indépendants, ils étaient pillés constamment par les puissances dominantes, USA et Europe compris. D'autres s'inquiéteront que les nouveaux dominants aient la même attitude que les occidentaux.

Plusieurs questions à creuser néanmoins :

- Les nouvelles sociétés asiatiques qui vont bientôt dominer le monde sont-elle restées asiatiques ou leur succès n'est-il pas essentiellement dû à l'occidentalisation de leur économie, de leurs modes de management ? Est-ce que finalement on ne reconnaît pas ici une victoire du modèle économique occidental, voire ultra-libéral ? Si la Chine a connu ces dernières années et depuis Deng Xiaoping des taux de croissance fulgurants, c'est bien parce qu'elle s'est convertie au capitalisme à l'occidental. Mais le succès a été également dû à un mode de gestion centralisé et autoritaire des pouvoirs centraux qui a géré cette croissance et imprimé les grandes orientations. De plus, la société chinoise ne s'est pas totalement convertie aux modes de vie occidentaux. Et si la domination de la Chine et de l'Inde se confirme, il sera intéressant de voir si ces payx exporteront également leurs modes de vie et deviendront des pays impérialistes comme ont pu le faire les Etats-Unis. Aujourd'hui, les petits dragons asiatiques (Hong Kong, Singapour) ont une culture à mi chemin entre les cultures asiatiques et les cultures occidentales et l'occidentalisation plaît encore beaucoup aux jeunes qui rêvent de consommer et d'être plus "libres".

- La question est de savoir si avec cette mondialisation et la domination prochaine de la Chine dans l'économie mondiale, il y aura de la place pour tout le monde. Si la domination de la Chine et de l'Inde se traduiront par une paupérisation des Etats-Unis et de l'Europe. Est-ce que la Chine aura toujours besoin de voler au secours du pouvoir d'achat des américains ou est-ce qu'elle pourra un jour s'en passer et voler de ses propres ailes, partiellement grâce à un marché intérieur important ? La question reste aujourd'hui ouverte et on ne peut pas dire s'il s'établira un équilibre ou si cette domination sera totale et brutale.

- La planète y survivra-t-elle ? Quand tous les chinois auront envie et pourront acheter une voiture, tous les spécialistes prédisent une aggravation fulgurante de la pollution atmosphérique, du réchauffement climatique. La planète pourrait n'y pas survivre en quelques décennies. Si l'on ne peut pas empêcher les chinois d'avoir accès au bien-être comme les occidentaux y ont eu accès, il faudra trouver de nouveaux moyens pour satisfaire durablement ces besoins nouveaux et le pétrole devra rapidement céder la place à des énergies renouvelables et respectueuses de l'environnement. Sinon, la domination chinoise et indienne s'accompagnera de... la fin du monde. C'est emphatique mais très clair.

- On doit désormais se poser donc la question de savoir quel modèle économique on voudrait construire dans une économie mondiale dominée par les puissance indienne et chinoise (de par leur démographie et leur nouvelle puissance économique). Ce modèle économique devra satisfaire tout le monde et préserver la planète. Il est clair que la recherce constante de la croissance la plus forte entraîne inmanquablement la destruction de la planète et qu'il sera nécessaire de redéfninir les besoins de l'homme en termes de consommation. Plus on consomme, plus on croît, plus on détruit et nous arrivons aujourd'hui à un taux insupportable pour la planète à moyen terme. Le capitalisme et le libéralisme sont-ils compatibles avec cette nouvelle économie à construire ? Peut-on les encadrer suffisamment tout en en préservant les grands principes ; la croissance économique d'un monde capitaliste est-elle consubstantielle au pillage de la terre, aux inégalités croissantes entre les hommes ?

- Lors du forum de la rénovation du parti socialiste, une personne dont j'ai oublié le nom avait parlé de sobriété. Le terme n'est pas très sexy, mais il dit bien ce qu'il veut dire : nous avons besoin de sobriété pour survivre. D'une part parce qu'un jour, nous ne désespérons pas de faire comprendre à tout le monde que le bonheur n'est pas dans la consommation à outrance, mais également et plus directement parce que nous devons limiter notre impact sur la planète.

- C'est pour cette raison que l'écologie est totalement indissociable de l'économie.

La Chine et l'Inde vont nous dominer. Si elles ne détruisent pas la planète comme nous avons contribué à la détruire partiellement depuis 200 ans, nous devrons construire un modèle économique 10 plus sobre en termes de consommation d'énergie qui est complètement à construire. C'est à la fois passionnant et très inquiétant car les échéances sont maintenant très rapides.

dimanche 23 décembre 2007

Forum de la rénovation : le marché

Je suis allé au forum de la rénovation du PS sur le PS et le marché.

Tout le monde avait des remarques pertinentes, tout le monde faisait des propositions intéresantes, tout le monde avait des réflexions profondes.

Oui, mais voilà, on est tout de même passé à côté.

En gros, ce qu'il s'est dit c'est : "bien sûr que le PS est pour le marché, mais le PS n'est pas pour un capitalisme financier".

Subtile différence sémantique pour la plupart des gens ? Mais fondamentale pour le PS qui forge tout son rapport au capitalisme dessus.

Donc on est pour le marché et tout le monde comprend : on accepte le capitalisme, forcé contraint. Miam miam miam, quelle perspective.

Comme toujours, on fait la synthese de la synthese de la synthese, on est pour le marché, mais pas trop, on accepte le capitalisme, mais plus ses dérives.

Bref, on ne fait plus rêver. On gère.

On taille les branches de gauche, on taille les branches de droite, pour se retrouver avec un tout petit rosier rabougri.

Et on devient inaudible.

C'est exactement ce qu'a fait François Hollande depuis 10 ans.

Alors qu'il fallait laisser pousser les branches de gauche et de droite, les accepter, les laisser s'exprimer, puis les accueillir, plûtôt que les couper.

Il faut avoir un idéal et une marche à suivre.

Il faut accepter de dire, car c'est vrai, que l'argent corrompt, que les inégalités doivent être progressivement effacées, mais pour ceci, il faut préparer le monde, lentement, obstinément, sûrement. Il faut garder le vivier d'idées de la gauche de la gauche en proposant un contrat simple : rester un vivier d'idées tant que la conscience collective majoritaire n'est pas prête à les appliquer et faire progressivement dériver cette conscience collective majoritaire dans le bon sens.

Et entre temps, on doit composer, embrasser activement le capitalisme en se réconciliant avec les entreprises qui peuvent ne pas être l'expression du capitalisme financier, mais de la créativité des hommes.

Métaphore simpliste

J'adore cette expression : le loup est un loup pour l'homme.

La droite aiguise les dents du loup et le rend performant, encore plus loup. La société qu'il crée en fait une meute de plus en plus aggressive et tant qu'il y a des moutons à dévorer, un planète à détruire, la meute est contente. Elle tue, elle pille, elle détruit et rend son petit monde puissant. C'est l'ultracapitalisme, l'ultrallibéralisme. A la naissance, on pense que tout le monde est loup est que tout le monde a donc les mêmes possibilités, mais le postulat est biaisé et faux et rien n'est fait pour corriger les conditions initiales inégales.

La gauche veut apaiser et pacifier le loup, le rendre moins loup. Mais forcément, isolée dans une meute de loups affamés et prêts à le dévorer, le loup pacifiste se fait manger. Une politique de gauche dans un monde ultralibérale est vouée à l'échec. Il faut d'abord pacifier la meute, en comprendre et en décrypter ses modes de fonctionnement, sans toutefois totalement l'intégrer pour passer à autre chose, de plus apaisé, de plus sobre, de plus à gauche. Et puis, on doit apaiser et pacifier un grand nombre de ses congénères de loup, sous peine de perdre la batille.

Dans cette longue quête, cette pacification de la meute peut vouloir aller trop vite et trop fort. En pacifiant au forceps, la meute n'est pas prête et sous des apparences de loups pacifiques, la meute est tapie. Le communisme est un bon exemple d'une rupture trop rapide qui n'était pas en rapport avec les consciences. La meute était encore trop animale.

Le seul chemin possible devra être long, patient mais aussi obstiné. Il devra naviguer, éviter les congénères aggressifs, mordre ceux qui l'aggressent. Le seul chemin possible est le dialogue, le lobbying, la communication.

mercredi 5 décembre 2007

Australie

Je reviens d'Australie.

Comme souvent dans les pays anglo-saxons, ce qui me frappe en Australie est leur optimisme à toute épreuve qui tranche considérablement avec le pessimisme voire le misérabilisme ambiant des français.

Ils viennent d'élire un nouveau premier ministre travailliste qui a appuyé pendant sa campagne sur l'éducation et sur les changements climatiques. C'est la première fois qu'un premier ministre d'un pays important est élu sur des thèmes écologistes et je trouve ca assez formidable.

L'Australie bénéficie du plein emploi et d'une économie florissante.

J'aimerais tenter ici un rapprochement entre les dernières déclarations de Jacques Attali sur l'état économique de le France et ce que j'ai vu en Australie.

Selon Jacques Attali, la France souffre d'un manque de compétitivité flagrant. Il ne précise pas exactement ce que cela veut dire, si c'est l'euro trop fort, une main d'oeuvre dont le coût serait trop élevée, des prélèvements obligatoires trop importantes ou si la France souffre d'un manque d'innovation.

Il s'inquiète également du fait que si l'on augmente le pouvoir d'achat, le risque est de faire exploser les déséquilibres commerciaux, les gains de pouvoir d'achat allant principalement vers des achats de produits étrangers.

L'Australie ne souffre pas apparemment de manque de compétitivité pour plusieurs raisons:

- sa monnaie n'est pas très forte et permet de maintenir les exportations
- son isolement géographique et la tendance très forte à la préférence d'achat national fait que les importations sont plus limitées qu'en France
- des marcés de niche et une population limitée permettent à l'Australie de maintenir une forte compétitivité avec des salaires mesurés et un immobilier mesuré également

Je ne porte évidemment aucun jugement de valeur, c'est simplement une constatation de différence avec la France. La seule chose dont on pourrait sûrement s'inspirer est cet optimiste formidable.