Je voudrais développer ici la notion de curseur d'idées dans un monde réel.
Prenons par exemple une question de société qui est également un sujet politique : l'homosexualité et les droits des homosexuels. (mais ceci s'applique quasiment à tous les sujets). Si on reprend l'évolution des idées dans le monde occidental depuis le Moyen Age, on peut faire une liste des idées sur la question de droite à gauche:
- L'homosexualité est un crime ; il faut punir de mort les homosexuels
- L'homosexualité est un crime ; il faut interdire l'homosexualité
- L'homosexualité est une déviance ; il faut soigner les homosexuels
- L'homosexualité n'est pas naturelle ; on doit compatir avec les homosexuels
- L'homosexualité est une pratique personnelle que l'on ne peut condamner, mais il ne faut pas l'encourager par la loi
- L'homosexualité est une forme de vie en couple ; il faut la reconnaître en distinguant les couples homosexuels et hétérosexuels ; le mariage ou l'adoption reste entre un homme et une femme
- Un couple peut être homosexuel ou hétérosexuel ; un couple homosexuel peut s'unir et bénéficier de certains avantages
- Un couple peut être homosexuel ou hétérosexuel ; un couple homosexuel peut se marier, comme tout couple
- Un couple homosexuel peut se marier, adopter des enfants et obtenir les mêmes droits que les autres couples
- Un couple est l'union de deux êtres, aucune mention du sexe ne peut être faite
La liste précédente représente un ensemble d'idées qui, en fonction de la période historique, de la géographie ou du modèle de société ont été proposées un jour ou l'autre. On peut positionner le curseur quelque part et considérer que dans un contexte précis la gauche a tendance a faire baisser le curseur et la droite à ne rien faire (conservatisme), voire à le faire reculer (réactionnaire).
Aujourd'hui, dans cet exemple précis, on peut considérer que le curseur moyen de l'opinion publique française est entre la cinquième et la septième ligne. La gauche a tendance à faire baisser le curseur, la droite ne pas le faire bouger.
Sur d'autres sujets, l'extrême gauche ou certains groupes de lobbying a tendance à faire bouger le curseur de deux ou trois lignes directement, l'extrême droite ou certains groupes ultra-religieux à faire bouger le curseur dans l'autre sens.
Le succès ou l'insuccès en politique est à mon avis conditionné par les postulats suivants:
- Il faut avoir un curseur à soi, le présenter et le défendre. (C'est ce qu'a fait François Mitterrand en 81 avec la peine de mort)
- Ce curseur n'est pas nécessairement strictement identique avec l'opinion, mais il ne peut pas en être trop éloigné
- Les actions à proposer pour mettre en phase le curseur de ses idées et le curseur de l'opinion publique doit être graduel et doit procéder par étapes. Un "saut" trop important n'est pas accepté dans l'opinion par la majorité et conduit à l'échec électoral.
- Il est normal dans un parti politique que tous les courants ne positionnent pas le curseur au même endroit. Chaque positionnement doit être considéré comme un enrichissement et ne peut être condamné tant qu'il correspond à une position de progrès pour la gauche par rapport à l'opinion publique. C'est dans l'action graduelle que des idées plus radicales peuvent devenir plus "normales". Ce processus peut être lent. Dans tous les cas, il n'est pas nécessaire de pratiquer l'ostracisme de certaines idées considérées comme trop radicales, mais la règle du jeu doit être simple : tant que ces idées ne peuvent être admise par la majorité ou une forte minorité, elle ne seront pas mises en place et serviront de vivier pour le lobbying et pour faire évoluer les mentalités. Elles peuvent totalement cohabiter dans un même parti.
- Les sauts de curseur brutaux mènent la plupart du temps à l'échec (Communisme) ou à des périodes de transition difficiles (Révolution française). Ces échecs sont principalement dû au fait que l'homme n'est pas prêts pour ces changements.
lundi 20 août 2007
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