mardi 8 avril 2008

Q1 Comment concilier discours et actes

Nous avons expliqué comment et pourquoi nous sommes arrivés à un discours pseudo-révolutionnaire et un conformisme économique au pouvoir.

Nous avons décrit le fait que face aux réalités économiques, à l'ultra libéralisme triomphant, le discours de la gauche s'est affadi en voulant trop synthétiser la synthèse.

La gauche n'affirme plus désormais ses idéaux de gauche et ne peut plus non plus affirmer un tournant social démocrate. La gauche apparaît alors coincée dans un choix cornélien duquel elle ne peut se défaire.

Faut-il faire réellement le choix ? Peut-on concilier les deux ? Si oui, comment ? Quelles conséquences pour l'organisation de la gauche et son rassemblement ?

Quelques mots clés à développer : temps, progressivité, auto-contrôle.

La gauche aujourd'hui n'a ni curseur ni direction. Il faut remettre une direction simple et claire qui soit de gauche, idéale et dissociée des réalités immédiates.

Il convient ensuite d'ajouter la notion de temps et de progressivité qui permet de lier la direction et les réalités. Enfin, il faut également proposer une méthode en liaison avec les objectifs.

Il faut construire et préciser ce à quoi l'idéal socialiste correspond : une société solidaire, des services publics forts, un soutien aux plus faibles importants, un encouragement de l'initiative publique, individuelle, de la culture, de l'épanouissement personnel et collectif...

Cet idéal socialiste doit être une vision long terme qui doit pouvoir embrasser les aspirations de toutes les sensibilités de gauche : de la gauche de la gauche jusqu'à centre.

C'est sur cette base que le rassemblement des force de gauche peut se faire.

L'affaiblissement du socialisme de ces dernières années vient du fait que sous prétexte de réalisme économique et pour sembler coller aux réalités, on en a oublié les idéaux, se coupant ainsi d'une partie de l'électorat qui ne se retrouvait plus dans une logique strictement "efficace" de l'action politique.

Réaffirmer cet idéal ne peut qu'aider au rassemblement en précisant quelques règles de base qui doivent devenir les règles du jeu de la gauche élargie :

- cet idéal ne peut être atteint immédiatement mais ne peut l'être que par étapes
- les réalités économiques, ce que les consciences collectives sont prêtes à accepter doivent être prises en compte (en particulier le fait que le modèle économique actuel accepté dans le monde est principalement néo-libéral)
- la France ne peut agir seule et engager une politique de gauche sans convaincre ses partenaires principaux du bien-fondé de sa politique. L'action de la France doit être internationale sur le bien-fondé d'une voie non ultra-libérale, voire non capitaliste. Conviction, dialogue et persévérance doivent être les mots d'ordre.

L'idéal étant posé, il pourrait facilement devenir un prétexte pour ne pas l'atteindre, une façon de dire : on voudrait bien y aller, mais on est tellement conscient des réalités économiques et des contraintes du monde globalisé que nous ne ferons rien pour l'atteindre, qu'il est inutile de faire une politique différente de celle du monde entier, que la politique d'un seul pays ne peut être différente de celle de la grande majorité des autres pays.

Il convient donc de préciser les étapes pour l'atteindre, de préciser que c'est un cap, que la conduite du bateau sera longue et difficile et qu'il faudra aller un peu à droite, un peu à gauche pour pouvoir maintenir le cap sereinement.

Pour cela, les étapes vers cet idéal peuvent être vues un peu comme un escalier avec des marches à gravir réalistes, ni trop hautes ni trop petites. C'est la méthode. L'originalité du programme doit être de proposer les différentes marches à atteindre, comment les atteindre, en tenant compte des embûches.

Gravir ces marches, c'est atteindre certains des idéaux de gauche, que ce soit sur la plan social, économique. Le gouvernement doit alors se donner les moyens de gravir les marches dans le temps et mesurer, de manière indépendante, si on atteint les objectifs ou non.

Ceci permet de concilier les idéaux de gauche utopiques et les tentations de droite de certains membres du PS au nom du réalisme économique. En ajoutant la notion d'escalier et de temps tout en contrôlant les avancées, en mesurant précisément les avancées produites par les décisions gouvernementales, en introduisant des observatoires du bien-être des français (inégalités, pouvoir d'achat, sécurité, etc..), cela permettra de réconcilier l'aile gauche de la gauche avec son aile droite.

Nous avons le même idéal, nous nous reconnaissons sur ce point. Certains veulent y aller tout de suite, d'autres sont plus pragmatiques, mais oublient parfois même l'déal.

L'ajout de la dimension 'temps' permettra le rassemblement de Besancenot à DSK en précisant donc le but à atteindre, en admettant d'où on part et en précisant le chemin, la voiture et sa vitesse.

Ceci est une condition à mon avis sine qua non du rassemblement de la gauche.

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